Le livre des îles noires - vies
de r. j. fletcher – pierre furlan
L’écrivain et aventurier anglais R.J. Fletcher (1877-1965) est une légende. Auteur presque malgré lui des scandaleuses et célèbres Lettres des Iles-Paradis, c’est pour certains un pourfendeur d’illusions, un ethnographe esthète, un « Rimbaud du Pacifique », mais pour d’autres un vagabond des tropiques et un raté sublime auquel on prête la mort prématurée et alcoolisée qui sied à un aristocrate de l’autodestruction. Ainsi Jacques Prévert prétendait que s’il devait emporter un livre sur une île déserte, ce serait justement celui de Fletcher, tandis que Michel Leiris l’a fait rééditer sous le titre Iles-Paradis, Iles d’illusion.
Mais un personnage de légende n’existe pas tout à fait. D’ailleurs, jusqu’à une période récente, les avis, du moins en France, divergeaient sur la réalité de ce Fletcher qui n’avait même pas signé son livre principal, se cachait sous le pseudonyme d’Asterisk et semblait avoir disparu à Tahiti. C’est donc à la recherche d’un être insaisissable que Pierre Furlan s’est lancé. Il a commencé par sa famille. Durant son séjour de plusieurs années aux Nouvelles-Hébrides, en effet, Fletcher avait eu avec Onéla (une Mélanésienne) un fils qu’il avait abandonné, le laissant à l’âge de trois ans aux bons soins d’une famille de l’île. Ce fils grandit, eut lui-même une fille, et c’est avec celle-ci, donc avec la petite-fille de R.J. Fletcher, que Pierre Furlan a entrepris de remonter le temps et parcouru l’île d’Epi où Fletcher avait vécu presque cent ans plus tôt. Il a ainsi tenté de reconstituer les multiples existences d’un R.J. Fletcher qui, à mesure qu’il se dévoilait, devenait bien plus humain et bien plus intéressant qu’une légende. Ce chemin de découverte, traversant l’histoire du fils abandonné et de la petite-fille, conduit le lecteur jusqu’au Vanuatu d’aujourd’hui.
CHAPPY
Patricia Grace, traduit par Jean Anderson & Marie Laure Vuaille-Barcan
Chappy, le septième roman de Patricia Grace, relate avec une certaine nostalgie l’histoire d’une famille maorie sur une période allant des années 1920 jusqu’à aujourd’hui. Un jeune homme, Daniel, ce « garçon boudeur » qui a grandi en Europe, est envoyé chez sa grand-mère Oriwia en Nouvelle-Zélande. Sur une période de dix-huit mois, il apprendra non seulement la langue maorie, mais aussi l’histoire familiale telle que la racontent le vieux Tiakiwhenua, (surnommé Aki, « gardien de la terre ») et sa grand-mère.
En plus des histoires individuelles d’Aki, marin et grand voyageur qui épouse une Hawaïenne, et d’Oriwia, qui ne quitte jamais les terres familiales mais devient la femme d’un Japonais déserteur de l’armée, le mystérieux grand-père Chappy, le livre évoque la vie traditionnelle des peuples autochtones du Pacifque et leur grande migration vers les villes avant et après la Seconde Guerre mondiale. Epopée familiale, donc, mais aussi document socio-historique, la traduction de ce livre pose la question du transfert de spécificités locales d’une langue, d’une culture à une autre, et ce, à plusieurs niveaux.
Comme l’indique Daniel, la trame narrative n’est pas toujours facile à suivre : « je crois que j’ai appris avec ma grand-mère et mon oncle à emprunter des chemins de traverse avant d’arriver au but ». Tout comme ce jeune Européen qui cherche son identité en assemblant les morceaux d’un puzzle, le lecteur est invité à construire lui-même un récit cohérent à partir des contributions des deux narrateurs (Aki et Oriwia) qui ne suivent pas nécessairement l’ordre chronologique.
« Patricia Grace, auteure majeure de cette île de l’Océan pacifique née en 1937, mêle les voix pour donner chair à l’histoire néo-zélandaise. Le lecteur apprend beaucoup et se régale de cette éopque sur près d’un sicèle. La culture maorie, les relations avec le Japon et Hawaï, la solidarité familiale sont autant d’ingrédients qui donnent du sel à ce récit. » Ouest France
« Chappy permet de prendre conscience des enjeux des îles du Pacifique, comme terre des ancêtres et non terre de spéculations étrangères. C’est raconté délicatement, le récit de ce peuple multiple, riche et soudé. » S. H., L’Alsace
HAKA
Patricia Grace, traduit par Yamila Cowan (dès 7 ans)
Le haka « Ka mate » est une danse guerrière de Nouvelle-Zélande. Il a été créé par le chef de guerre d’un clan maori. Alors qu’il tentait d’échapper à une tribu ennemie, il imagina les premiers mots de ce qui deviendrait le haka le plus célèbre au monde :
Ka mate ! Ka mate ! Ka ora ! Ka ora ! Ka mate ! Ka mate ! Ka ora ! Ka ora !
Ce livre est la véritable histoire de ce Haka, un rituel guerrier qui symbolise la force et la détermination de tout un peuple, qui doit sa genèse au hasard d’un grand moment de doute. Ce texte pourra donner l’occasion de découvrir certaines traditions des maoris (tatouage, clans, rituels…), peuple autochtone de la Nouvelle-Zélande.
BLUFF
David Fauquemberg
On ne poussait jamais par hasard la porte de l’Anchorage Café, surtout en plein hiver austral, quand les rafales soufflées de l’Antarctique tourmentaient sans répit le sud de la Nouvelle-Zélande. Elles couchaient les panneaux et faisaient crépiter tous les drapeaux du port, elles projetaient des embruns glacés à vous tatouer la peau. On apercevait d’ici la fumée blanche des déferlantes qui saccageaient depuis deux jours les eaux pourtant abritées de Bluff Harbour. Au large, c’était l’enfer.
« Certaines scènes coupent le souffle par l’intensité physique des images qu’elles produisent. Mais au-delà de ce plaisir de lecture, Bluff est un roman d’aventure singulier, dont la poésie est le moteur et la sagesse des anciens Polynésiens, le sens et le trésor. » M. Abescat – Télérama.
« Un style qui fait mouche, liant le réalisme à la poésie la plus prenante. (…) Un superbe quatrième roman ! » T. Clermont – Le Figaro littéraire.
Lauréat du prix Gens de mer, festival Étonnants Voyageurs, Saint-Malo, 2018.
Prix Livre & Mer Henri-Queffélec, 2018.
Hina, Maui et compagnie
Titaua Porcher
Et si la légendaire Hina vivait au XXIe siècle, qu’elle était amoureuse de Maui, et que la monstrueuse anguille du lac Vaihiria s’était incarnée en un homme puissant ? L’auteure revisite avec délectation l’un des plus célèbres mythes polynésiens : la légende du cocotier. Hina, Maui ou encore Ta’aroa, figures emblématiques des mythes fondateurs, s’incarnent dans des personnages de tous les jours confrontés à la puissance immémoriale du mythe.
Son idée est de travailler cette matière mythique, mystérieuse, profonde, et d’en imaginer une déclinaison burlesque ancrée dans le Tahiti d’aujourd’hui, en étant à la fois attachée aux traditions et ouverte sur le monde extérieur.
Le meilleur du 'uru, 55 recettes inédites
Viviane Givin
D’abord inspirée par les recettes aux patates puis les plats de ’uru dans son île de la Réunion, Viviane Givin, désormais résidente en Polynésie, a cherché (et trouvé !) comment accommoder cette base de l’alimentation traditionnelle du fenua de multiples façons. En crique, chips ou croquette, en gaufre, salade ou galette, en soupe, tarte ou boulette, en gratin, tajine ou purée, en cheese naan, focaccia ou pain, en beignet, fondant, glace, bonbon ou calisson, le ’uru se décline ici dans des recettes salées et sucrées qui ne manquent pas de créativité !
En vue d’un apéro, un accompagnement, un plat ou un dessert, voilà de quoi faire le plein d’idées pour cuisiner/mitonner/préparer ce merveilleux fruit de l’arbre à pain (sans gluten) un peu délaissé et lui rendre ainsi toutes ses lettres de noblesse.
Ces liens que l'on brise
Albert Wendt, traduit par Jean-Pierre Durix
Au cœur d’Auckland, métropole multiculturelle de la Nouvelle- Zélande, une « tribu » urbaine s’est formée dès l’école maternelle autour du personnage ambivalent d’Aaron. Cet être providentiel pour ses amis qui tire ses revenus de trafics illicites vient d’être assassiné et tous les liens de loyauté et d’entraide sur lesquels s’est fondée cette communauté sont remis en question lorsqu’il s’agit d’exécuter le testament du défunt.
Les deux existences soigneusement cloisonnées d’Aaron apparaissent subitement au grand jour, laissant apparaître des lignes de fracture qui mettent brutalement les membres de la « tribu » face à leurs contradictions. Le code d’honneur exigeant que l’on venge le défunt l’emportera-t-il sur le respect de la loi attendu des citoyens d’un État moderne ?
L’appât du gain sera-t-il plus fort que la solidarité de la « tribu » ?
Coutume Kanak
Sébastien Lebègue
Loin de vouloir transcrire la coutume – elle qui, par essence, ne peut se transmettre qu’oralement – ni même d’en proposer une définition ou une description exhaustive, Sébastien Lebègue se fait le témoin sensible de « l’esthétique de la culture et du lien social kanak ».
Cet ouvrage est le résultat d’une observation minutieuse de la culture kanak, de ses rites et de ses cérémonies, présenté sous la forme d’un reportage photographique et illustré inédit, accompagné d’un texte richement documenté et de schémas éclairants pour qui s’intéresse et souhaite comprendre ou mieux appréhender la complexité de la société kanak à l’aube de « jour d’après ».