Binôme hors pair : Gérard Moncomble & Frédéric Pillot

Gérard Moncomble est le faiseur de mots, Frédéric Pillot l’illustrateur. À eux deux, en 15 ans, ils ont signé une trentaine de livres.  « Un jour, dans un train, me faisant face, un adulte lit un de mes livres, supposément drôle. Sérieux comme un pape, il tourne mécaniquement les pages, impassible. Ô la torture subtile […]

Moncomble

PillotGérard Moncomble est le faiseur de mots, Frédéric Pillot l’illustrateur.

À eux deux, en 15 ans, ils ont signé une trentaine de livres. 

« Un jour, dans un train, me faisant face, un adulte lit un de mes livres, supposément drôle. Sérieux comme un pape, il tourne mécaniquement les pages, impassible. Ô la torture subtile de l’auteur guettant le moindre signe d’émotion sur le visage de son lecteur. Mais rien, calme plat. Jusqu’au moment où, en pleine lecture, un grand sourire éclôt sur ses lèvres. Puis il referme le bouquin en soupirant profondément, le pose sur ses genoux, ses yeux se perdent dans le paysage. Il descend au prochain arrêt. Moi, je reste avec ma frustration. C’était quoi, ce sourire ? »

Cette anecdote de Gérard Moncomble en dit long sur l’auteur. Un homme malicieux qui « touille et ratatouille des récits, des romans, du théâtre, des poèmes, des scénarii de dessin animé et de bandes dessinées pour raconter des histoires sous toutes les formes possibles ». Un homme gourmand aussi qui « mâche les mots, les suce comme des bonbons, longtemps, afin d’en exprimer tout le suc ». Un homme soucieux du merveilleux pour ses lecteurs.

Cet homme a rencontré Frédéric Pillot il y a une trentaine de livres. « Fred et moi, nous nous sommes croisés un soir de mai 2000, au salon de Saint-Malo. Comme deux étonnants voyageurs. Et je crois que, oui, nous nous sommes étonnés l’un l’autre. Quinze ans plus tard, ça continue. On est très proches, aussi bien comme amis que comme collaborateurs. On se voit souvent.» Frédéric Pillot est dessinateur depuis toujours ou presque. Son premier abonnement à Pif, à 6 ans, a lancé sa passion pour la BD. Il se promet d’ailleurs de surveiller de très près les lectures de ses deux enfants. « C’est un homme d’une exquise courtoisie doublée d’une modestie proverbiale. Un être rare » ajoute Gérard Moncomble. Dans le duo, il est celui qui, par ses images si inventives, met en forme la musique des mots.

«Parfois, j’écris des textes que Fred illustre après coup. Démarche classique, même si ce forban, imaginatif comme pas un, réinvente constamment le texte avec ses dessins ébouriffants. D’autres fois, on se met d’accord sur un thème, sur une structure narrative, sur les transgressions à venir et nous bâtissons un cadre, mettons au point une maquette. Fred me propose alors ses premiers crayonnés, nous les discutons souvent de vive voix et, lorsque tout semble fonctionner, alors, je me mets à l’écriture. C’est sur ce texte que Fred va concocter ses effarantes illustrations, aidé de son seul petit pinceau en poils de marte. Lorsque les dessins sont terminés, j’écris le texte définitif. Car Fred aura, bien entendu, outrepassé magnifiquement les consignes pour enrichir, encore et toujours, l’histoire.» En résumé, le duo n’a pas de recette de travail, il a la complicité et la confiance.