Iain Levison a grandi en Amérique. Un pays qu’il connaît bien et dont il pointe les travers, livre après livre. Il se range du côté des gens ordinaires. Il peint leur quotidien qu’il saupoudre de traits d’humour pour mieux dire l’injustice, les inégalités et la violence.
Né en Écosse, élevé dans un quartier pauvre d’Aberdeen avec sa mère célibataire, Iain Levison a ensuite émigré avec sa famille réconciliée vers une banlieue aisée de Philadelphie. C’est là, en Amérique, qu’il a grandi.
Il a suivi des cours dans une université de lettres qu’il a quittée pour s’engager dans l’armée. Après deux ans, il entre dans la vie professionnelle, par la petite porte.
Il a exercé 42 petits boulots « de m… ». Ses diverses expériences lui ont inspiré Tribulations d’un précaire, son premier livre. Elles ont pavé un chemin qui l’a mené vers un nouveau métier, celui d’écrivain. « Mon nom est Iain Levison et j’écris sur l’Amérique, principalement sur ce qui ne va pas en Amérique, ce qui me donne beaucoup de travail. » Ses années de galère lui ont permis de cerner son pays d’adoption. Sa plume, vive, loufoque, drôle, pertinente a fait le reste.
À l’entendre, Donald Trump n’est pas le « problème […] mais le symptôme d’une longue maladie ». L’Amérique serait, d’après lui, malmenée depuis trente ans. Voter Trump serait une réaction au désordre. « Mes livres parlent de ça, de la mauvaise gestion. J’essaie de raconter des histoires simples à propos de gens ordinaires. Je montre que les choix politiques, l’apathie et l’intérêt personnel de nos gouvernements successifs ne sont pas sans conséquences sur les individus. » Dans ce contexte, il créé des personnages agréables qui évoluent dans des situations souvent banales. Il use de l’humour noir pour mettre en exergue un point particulier. « Je pense que l’humour marque plus les lecteurs qu’une polémique par exemple. »
Ce qui compte c’est ce qui se trouve au fond de lui et qu’il a à donner. Les moyens dont il dispose importent peu. Il écrit là où il se trouve. « Je n’ai ni rituel, ni discipline particulière. J’écris à n’importe quelle heure de la journée. Je m’arrête quand je suis fatigué ce qui arrive parfois dix minutes après avoir commencé. J’ai toujours le sentiment que je pourrais être un meilleur écrivain si je m’astreignais à une certaine discipline mais alors je me sentirais devenir un robot.»
Ses trois derniers livres ont été écrits dans trois différents pays. Le prochain sera écrit dans un quatrième pays, en Allemagne, où il est souvent actuellement. « Ça serait génial de pouvoir avoir une bibliothèque comme celle d’Hemingway surplombant une baie de Cuba où je pourrais m’installer des heures durant. Mais je pense qu’écrire dans des environnements différents à chaque fois apporte un petit plus à mes textes. »
Ses textes ont séduit au-delà de la critique et des lecteurs. Deux de ses livres sont passés sur grand écran. « Ils sont tous les deux très différents. Chaque réalisateur y a injecté sa propre personnalité, j’ai le sentiment d’un joli travail collaboratif. Voir quelqu’un qui s’approprie son texte est l’une des choses les plus excitantes qui puisse arriver à un auteur. C’est tout à la fois public et intime. »
Ils savent tout de vous !
Taduit par Fanchita Gonzalez Battle
Éd. Liana Levi (2017)
« C’est noir, ubuesque, caustique, irrésistible. » Le Point Avez-vous déjà rêvé de lire dans les pensées des gens? Savoir ce que se dit la serveuse en vous apportant votre café du matin. Ce que vos amis pensent vraiment de vous. Ou même ce que votre chat a dans la tête. Eh bien, c’est exactement ce qui arrive un jour à Snowe, un flic du Michigan. Au début, il se croit fou. Puis ça l’aide à arrêter pas mal de faux innocents… À des kilomètres de là, un autre homme est victime du même syndrome. Mais lui est en prison, et ce don de télépathie semble fortement intéresser le FBI… Iain Levison nous entraîne dans un suspense d’une brûlante actualité, où la surveillance des citoyens prend des allures de chasse à l’homme. Mais sait-on vraiment tout de nous?