Annonce des lauréats des résidences d’écriture en Polynésie française 2024
Les femmes océaniennes à l’honneur
L ‘AETI, grâce au soutien, du Pays et de l’Etat a lancé le 15 mars dernier, l’appel à candidature des résidences d’écriture 2024.
18 candidatures ont été reçues et étudiées, 16 pour la résidence d’écriture dédiée à deux auteur.rice.s du Pacifique (Hors Polynésie française) (1 du Vanuatu, 2 d’Australie, 3 de Papouasie Nouvelle-Guinée, 6 de Nouvelle-Zélande et 2 de Nouvelle-Calédonie, 1 de Fiji, 1 d’American Samoa) et 2 dossiers pour la résidence d’écriture dédiée à un.e auteur.rice de Polynésie française
2 comités de sélection distincts ont été mis en place pour l’étude des candidatures :
Les membres du comité résidence polynésienne prenant part au vote étaient :
– Chantal T. Spitz écrivaine polynésienne
– Jasmina Liant du CLEM (Centre de Lecture et Médiathèque) représentant le ministère de l’éducation
– Paul Léandri Chef de mission, Mission aux affaires culturelles, Haut-Commissariat de la République de Polynésie française
– Christian Robert président de l’Association des éditeurs de Tahiti et des îles
Les membres du comité résidence océanienne prenant part au vote étaient :
– Chantal T. Spitz écrivaine polynésienne
– Jasmina Liant du CLEM (Centre de Lecture et Médiathèque) représentant le ministère de l’éducation
– Paul Léandri Chef de mission, Mission aux affaires Culturelles, Haut-Commissariat de la République de Polynésie française
– Christian Robert président de l’Association des éditeurs de Tahiti et des îles
– Jean Anderson, traductrice et spécialiste de la littérature océanienne
– Mireille Vignol, traductrice et spécialiste de la littérature océanienne
Exercice difficile pour les membres qui ont été séduits par les différents dossiers présentés tant par leur contenu, leur démarche que par leur diversité.
Les deux comités ont longuement débattus autour des projets présentés. Les candidatures étaient pour la plupart très pertinentes , audacieuses et porteuses de beaux projets. Les comités ont eu la lourde tache de ne retenir que 2 lauréats. L’ensemble des membres ainsi que les organisateurs souhaitent une nouvelle fois remercier tous les candidats et leur transmettre tout leur soutien et leur voeux de réussite pour leur projet d’écriture.
Et c’est avec grand plaisir que les membres du comité, et de l’Association des éditeurs de Tahiti et des îles et ses partenaires rendent aujourd’hui public les décisions des deux comités.
La lauréate de la résidence d’écriture polynésienne est Hong My Phong .
Les deux lauréates de la résidence d’écriture océanienne sont Isa Qala, autrice de Kanaky / Nouvelle-Calédonie, et Terisa Siagatonu, autrice des Samoa américaines.
Leur parcours ainsi que leur projet d’écriture accompagnés des perspectives de rencontres avec les élèves de Polynésie ont permis de convaincre les jurys.
Pour rappel ces résidences permettent aux auteur.rices lauréat.e.s de bénéficier de 2 mois, uniquement dédiés à leur projet d’écriture. Les résidences prévoient des possibilités de séjour dans 1 ou 2 îles de polynésie française sur une durée de deux mois, dans des pensions de famille. A cette occasion les lauréat.e.s profitent bien sûr d’un cadre propice à l’avancée de leur projet d’écriture et profitent de ces séjours pour participer à des rencontres et échanges sur le métier d’écrivain avec les scolaires et public des îles d’accueil.
Ces trois résidences se tiendront entre septembre et décembre 2024
Le public et les scolaires pourront rencontrer les trois autrices à l’occasion de la prochaine édition du salon du livre qui se tiendra du 17 au 20 octobre place To’ata.
Terisa Siagatonu est une poétesse primée, artiste enseignante, une éducatrice en santé mentale et leader dans sa communauté, née et enracinée dans la Bay Area. Sa voix dans le monde de la poésie en tant que femme queer Sāmoan lui a donné l’occasion de se produire dans des lieux tels que la Maison Blanche, en tant que lauréate 2012 du prix Champion of Change Award du président Obama pour son travail au sein de sa communauté insulaire du Pacifique, la Conférence des Nations unies sur le changement climatique à Paris, la Triennale Asie-Pacifique à Brisbane, en Australie, et la Marche des femmes de San Francisco en 2019. L’écriture et l’enseignement de Terisa mêlent le personnel, le culturel et le politique avec une approche qui appelle à la guérison, au courage, à la justice et à la vérité. Boursière du collectif Emerson en 2022, son travail a été publié dans Poetry Magazine et The Academy of American Poets et a été présenté dans Button Poetry, CNN, NBCNews, NPR, KQED, Huffington Post, Everyday Feminism, The Guardian, et plus encore. Impliquée dans le slam poetry depuis 2010, elle a été membre de plusieurs équipes de slam primées. Elle entraîne des équipes de slam universitaires et encadre de jeunes écrivains dans des ateliers d’écriture à travers le pays. Terisa est l’une des co-fondatrices et organisatrices de The Root Slam, un lieu de poésie basé à Oakland, en Californie, élu meilleur lieu Open Mic de la Bay Area en 2017 et 2018. En dehors de la scène, Terisa crée et anime des ateliers, dirige des formations artistiques et professionnelles, apporte un soutien clinique en matière de santé mentale et prononce des discours dans tout le pays sur des questions qui alimentent son travail au sein des communautés depuis plus de dix ans, notamment la défense des jeunes, la réussite scolaire, les droits des insulaires du Pacifique et autochtones, le changement climatique, les droits des LGBTQIA, la violence fondée sur le genre, etc. Elle est titulaire d’une licence en études communautaires de l’université de Californie à Santa Cruz, ainsi que d’un master en thérapie conjugale et familiale de l’université de Californie du Sud (USC). Elle souhaite utiliser son expérience de clinicienne en santé mentale et de poète pour combler les lacunes dans notre quête de guérison et de libération collectives.
Bibliographie :
- Indigenous Pacific Islander Eco-Literatures (University of Hawaii Press)
- Atlas in Poetry Magazine and Refugee Experience (Seven Stories Press)
- Moana Means Home : a Contrapuntal in Poetry Magazine
- Deserving in the Academy of American Poets
- The only place in the US with Zero covid Deaths in the Academy of American Poets
- The price I pay for(ever) my culture essay in Autostraddle
Isa Qala née en 1988, est originaire de Kirinata, dans le district de Wetr à Lifou. Elle est imprégnée de la culture de son île et des histoires racontées par ses aînés, notamment par sa grand-mère Wexö qatr Qala. Après une licence en lettres modernes à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, Isa Qala fait un master en politique culturelle et suit une formation en graphothérapie en Métropole avant de revenir enseigner sur son île natale. Elle écrit depuis une dizaine d’années, et partage volontiers ses passions avec les jeunes : le théâtre, le chant, la danse, la littérature ou le cinéma. Elle contribue à la transmission du patrimoine culturel, notamment par son implication dans la troupe de danse du Wetr bien connue dans le paysage calédonien. La culture, l’écriture et la littérature sont pour elle des terrains de jeu. En 2011 et 2012, elle est lauréate du concours d’écriture de la Province des Îles Loyauté pour son récit « Grand-mère Ihnimel » paru dans le recueil « Cette nuit-là « et le conte « Boneriridr, une plante du bonheur ». En 2013, elle est lauréate du concours de nouvelles de la Croix-Rouge de Nouméa avec « La Fille aux étoiles » édité en 2017 par Écrire en Océanie. Cette même année, elle publie également son roman, « La Tribu des veuves », aux éditions Plume de Notou. À Lifou, Isa Qala mène un atelier d’écriture, initié par la médiathèque Löhna, auprès de collégiens de Hnathalo, Havila et Laura Boula afin de permettre aux jeunes d’exprimer leurs pensées et de se confronter à un public. Leurs créations seront valorisées lors de la clôture des 20 ans de la médiathèque, les 9 et 10 octobre 2019. Début 2019, Isa Qala a représenté la Nouvelle-Calédonie à Livre Paris, ainsi qu’au Festival Rochefort Pacifique, aux côtés d’autres écrivains océaniens. En juillet 2019, aux côtés de Tregölë, elle a participé au festival de littérature de jeunesse L’île Ô Livres et a lu des extraits de « La tribu des veuves » en musique avec des chants en drehu. Le prix Vi Nimö 2021, décerné par les lycéens et collégiens du pays, a été attribué à son roman « La tribu des veuves ». En langue ajië, Vi Nimö signifie récit initiatique, traduisant la volonté de permettre la rencontre entre la jeunesse du pays et les auteurs locaux.
Bibliographie :
- La Tribu des veuves – éditions Plume de Notou – 2017.
- La Fille aux étoiles – éditions Écrire en Océanie – 2017.
- L’Enfant de la route – éditions Écrire en Océanie – 2016.
Hong My PHONG, née à Papeete en 1976 est une auteure française dans le genre policier. Ses parents sont agriculteurs et elle grandit dans la commune rurale de Papara. Révélée par son premier roman, « Femmes écorchées », publié chez Api Tahiti, elle a su capter l’imagination de nombreux lecteurs par son récit dont l’action se déroule à Tahiti. D’origine chinoise, elle puise son inspiration dans la richesse de ses deux cultures, offrant ainsi une perspective unique et enrichissante à ses intrigues.
Dès son plus jeune âge, Hong My a développé un amour profond pour la lecture et l’écriture mais également pour la photographie. Se prédestinant au métier de photographe reporter, elle opte cependant pour un cursus scientifique plutôt que littéraire. Elle débute une carrière dans l’esthétique et la cosmétique. Mais sa passion pour les mots ne faiblit pas et elle participe à de nombreux ateliers d’écriture et des workshops pour parfaire son style. Quelques poèmes et textes sont ainsi publiés dans la revue littéraire autochtone Littérama’ohi.
Son premier roman, Femmes écorchées, paru en 2019, ayant pour thème la condition féminine de la femme polynésienne s’inspire des témoignages des femmes qu’elle reçoit dans son institut de beauté. L’intrigue a rapidement conquis le cœur des amateurs de polars, recevant des critiques élogieuses pour son authenticité et une description fidèle de la vie et des habitants de Tahiti. En 2021, Hong My PHONG surprend en publiant son deuxième roman Pater Familias dont le récit est caractérisé par des recherches minutieuses dans le domaine du trafic de drogue, et des témoignages de professionnels, consolidant sa place parmi les auteurs polynésiens.
En dehors de l’écriture, Hong My s’implique activement au sein de l’association Taparau qui soutient les jeunes auteurs, notamment dans la promotion de la lecture, et des rencontres auprès du public lors du salon du livre ou du festival des auteurs. A ce jour, elle continue d’écrire et souhaite plus que jamais explorer la noirceur qui fait la singularité de Tahiti et des îles.
Bibliographie :
- Femme écorchée – Api éditions – 2019.
- Pater Familias – Api éditions – 2021