
Ben et Loic

Christophe Sand

Gabrielle Ambrym

Gonzague Aizier

Hubert Carré

Jeanne Seignol

Jérôme Camil

Joseph Tepuniravaka Tchong

Larry Thomas

Leila Lissant Ercoli

Marin Ledun

Mickey Moto

Tai-Marc Le Thanh

Yan Lespoux
Passeur de mémoire, Loic Josse consigne la vie de Ben, le tuhuka
Loic Josse, auteur breton, embarque les lecteurs à la rencontre de Benjamin Teikitutoua. Conteur, Ben est un tuhuka, un maître de la société traditionnelle marquisienne qui dit sa vie dans le livre qui lui est consacré, mais aussi l’histoire de son archipel avec toute la sagesse et l’humour qui le caractérisent.
Benjamin Teikitutoua, dit Ben, est un tuhuka, soit un maître de la société traditionnelle marquisienne. Il est un témoin privilégié de tous les bouleversements qu’a connus la société polynésienne depuis le milieu du XXe siècle. « Depuis des années, nombreux sont ceux qui m’encouragent à écrire ma vie. J’ai franchi le pas après avoir rencontré Loïc. »
Né en Bretagne au bord de la mer, Loïc Josse a toujours été passionné par les voyages et la littérature. Diplômé de Sciences-Po Paris, il a effectué des études et des recherches en Histoire-géographie, ainsi qu’en Ethnologie et Anthropologie. Il a exercé les métiers de journaliste, enseignant, cadre dans l’industrie, avant de créer à Saint-Malo une librairie qu’il a gérée pendant près de 30 ans. Il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’histoire maritime, ainsi qu’à la Polynésie où il séjourne régulièrement depuis des années. Il a écrit Ben Tuhuka de Ua Pou paru Au Vent des îles. « Ben est un homme passionnant qui connaît énormément de choses avec beaucoup d’humour, il m’a paru évident dans un souci de transmission de recueillir ses propos puis de rédiger un livre. »
Les deux hommes se vont tous les jours pendant plus d’un mois. Loïc Josse a récolté plus de 50 heures de témoignage. Ben Tuhuka a connu les Marquises d’antan, ravitaillées une fois ou deux par an. « J’ai grandi nu dans une vallée, on allait se cacher quand le gendarme ou le curé arrivaient. On était en perpétuelle vacances ! On sillonnait les vallées, on faisait des bêtises », s’amuse-t-il. Et puis un jour, alors qu’il avait une dizaine d’année, il est entré à l’école. « On y envoyait ceux qui avaient bonne mémoire », se rappelle Ben Tuhuka. Il a été parmi les premiers à s’assoir sur les bancs de l’école pour garçon à Nuku Hiva.
Il connaît parfaitement l’histoire de son île et de son archipel. Il est un acteur du renouveau culturel marquisien. Il a rapporté à Loïc Josse ses souvenirs les plus marquants ses rencontres avec un évêque breton, un gendarme japonais, un milliardaire déguisé en aventurier, Brel, Cousteau, Giscard d’Estaing. « Ben raconte tout cela de manière très simple, en toute humilité et sans agressivité malgré tout ce qui a pu se passer dans l’archipel », constate Loïc Josse. « Mais, quand on connaît bien ses racines, on n’a peur des autres ! Les Marquisiens ont une notion d’identité qui n’est pas exclusive, plutôt additive ; Ils composent, ce qui nous amène à décentrer notre regard. »
Loïc Josse insiste : « Je me définis comme un passeur de mémoire. Après avoir rédigé une introduction personnelle, je n’ai fait que consigner la parole de Ben, sans plus. » Pour autant, l’exercice ne s’est pas fait sans difficulté « car il a fallu choisir, mettre de côté certains passages du récit. » À propos du travail d’écriture et de réécriture lié à l’édition, Ben précise : « J’ai tenu à ce que l’on respecte mes expressions. Il y a le courant littéraire et politique appelé négritude, j’ai envie de parler d’Enanattitude. Cela correspond à la manière dont nous, Marquisiens, nous sommes appropriés cette langue difficile qu’est le français. »
En fin d’ouvrage, Ben exprime enfin son sentiment et ses inquiétudes quant à l’avenir des Polynésiens, notamment à l’aune des questions de l’écologie et du réchauffement climatique. À la lecture du livre qui lui est consacré il se dit « satisfait ». Il avoue : « j’ai même rigolé de ce que j’avais dit ! »
Christophe Sand : « Il faut se reposer la question de la réalité historique »
Il est un scientifique aux nombreuses responsabilités. Christophe Sand est aussi un passionné qui tient à vulgariser les savoirs, questionner le passé à la lumière des découvertes d’aujourd’hui, aller au-delà des acquis.
« Il faut se reposer la question de la réalité historique », insiste l’archéologue calédonien Christophe Sand dont la démarche va bien au-delà des seules exigences et contraintes scientifiques. Depuis quarante ans, il fouille l’histoire ancienne et récente du Pacifique suivant une ligne de conduite bien à lui. « Je tiens à mettre toutes nos découvertes à la portée des populations locales. Il ne faut pas se contenter de publications scientifiques qui font bien sur un CV. » Son objectif est de permettre aux habitants du Pacifique de se (ré)approprier leur propre récit. Il s’y emploie.
Premier Directeur de l’Institut d’archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique, il a dirigé de nombreux programmes d’étude sur la préhistoire, la société traditionnelle et l’histoire coloniale de l’archipel et dans la région. Il a rédigé une trentaine d’ouvrages, une centaine d’articles scientifiques et plus de 400 rapports internes. Il est, depuis 2009, le président d’ICOMOS Pasifika, la branche régionale de l’instance internationale du patrimoine culturel liée à l’UNESCO. Ses travaux s’articulent autour du premier peuplement Lapita, des dynamiques culturelles préhistoriques et traditionnelles dans le Pacifique et des conséquences de l’implantation européenne en Océanie. Il s’intéresse en particulier aux mécanismes d’appropriation du passé dans les processus de constructions identitaires contemporains.
Son dernier livre intitulé Hécatombe océanienne : histoire de la dépopulation du Pacifique et ses conséquences (XVIe-XXe siècle) qui paraît chez Au Vent des îles traite de la question de la dépopulation. Selon Christophe Sand, elle est a minima de 80% pour la région océanienne. Les données archéologiques, les premiers écrits européens et les traditions orales l’attestent : les îles étaient densément peuplées avant les premiers contacts. « Pourquoi cela a-t-il été minimisé à quelques exceptions près ? », interroge-t-il. Ces sociétés étaient « développées », « hiérarchisées », « complexes ». Il est important aujourd’hui de « remettre du prestige dans les sociétés de pré-contacts ». La dépopulation n’est pas marginale. L’effondrement, bien réel, est un « drame collectif » océanien dont le souvenir se transmet de génération en génération et qu’il faut à présent reconnaître et admettre. Sans quoi, la blessure ne pourra se refermer. Et le manque de confiance envers les occidentaux qui en découle perdurera. La réconciliation en ne saurait, dans ces conditions, être totale.
Gabrielle Ambrym, l’illustratrice insulaire
L’univers de Gabrielle Ambrym est un rêve coloré, peuplé d’animaux fantastiques et d’une abondante végétation. L’illustratrice le dévoile en divers territoires comme le secteur de l’édition, de la communication ou lors d’expositions personnelles en musées et galeries.
Elle a réalisé les illustrations d’un livre de dessins brodés autour de la maternité, et d’un abécédaire d’aquarelles bestiaires qui vient d’être publié. Elle est la créatrice des couvertures des romans de la collection littérature d’Au Vent des îles. « J’ai pu concilier dans ce projet mon identité insulaire et tropicale, mais également citadine, européenne pour toucher les lecteurs métropolitains. » Elle a imaginé des sérigraphies aquarellées à la main et des affichettes de contes du monde pour la librairie du musée du quai Branly, ainsi que des motifs pour des uniformes de vente chez Kenzo parfums… Gabrielle Ambrym expose également son travail d’illustratrice et de plasticienne dans des musées dont le quai Branly et des galeries et concept store en France, au Japon, en Corée, aux États-Unis, au Mexique… Tout comme son univers, son parcours est florissant. Il n’en est pas moins cohérent et harmonieux.
Gabrielle Ambrym a grandi dans le Pacifique sud. Elle a suivi des études de stylisme/modélisme à Esmod Paris puis a travaillé quelques temps au Brésil. De retour en France, elle a développé pendant 10 ans sa marque de prêt à porter artisanale artistique baptisée Ambrym. Elle a vécu à l’île de la Réunion, à Wallis-et-Futuna, au Vanuatu. Elle réside désormais en Nouvelle-Calédonie où elle a exposé du 21 juillet au 30 septembre une quarantaine de portraits de soignants et de patients autour du rapport au corps à travers le soin en Nouvelle-Calédonie. Ses créations sont agrémentées de témoignages car, « je suis très attachée au lien entre les mots et les images ».
Elle dit aussi être particulièrement sensible à « la multiculturalité », soucieuse de la nature et de l’environnement, de la mer et de la terre. Son enfance a noué des connexions indéfectibles. Un bestiaire peuple son monde imaginaire, onirique et très coloré. Les végétaux sont omniprésents. Dans ses projets, elle aborde « sans être dans des propositions revendicatrices », des thématiques sociales et environnementales. Le fenua est une thématique qui fait sens pour l’illustratrice insulaire. Il est une nouvelle porte vers des espaces inexplorés qui enrichiront son monde. En retour, elle invitera le public à découvrir ses attachantes créations.
Gonzague Aizier, une rencontre bouleversante à Arue
Il a découvert le parcours incroyable de James Norman Hall par hasard. Cela fut le point de départ d’une aventure littéraire de plusieurs années.
Le livre de Gonzague Aizier intitulé Après la tourmente et publié chez ‘Ura éditions est une première. Personne encore n’avait raconté la vie de James Norman Hall, cet homme « au destin incroyable », selon l’auteur. Dans cet ouvrage il propose aux lecteurs « d’assister à la naissance d’un écrivain », « de comprendre l’origine de son œuvre qui s’enracine dans sa vie aventureuse ainsi qu’à Tahiti où il avait choisi de vivre ». Gonzague Aizier « entrouvre la porte du laboratoire de la création pour comprendre la relation entre Hall et Nordhoff, au-delà de leur œuvre commune ». C’est aussi un aperçu de la vie du Tahiti de 1920 à 1950 qui a été riche sur le plan artistique. Il dévoile enfin par petites touches l’élaboration de son livre et explique pourquoi James Norman hall a résonné en lui et comment il a remonté sa trace, les difficultés rencontrées, les découvertes faites, les transformations opérées chez lui. Pour combler les blancs et aider à mieux incarner Hall, il fait par moments appel à la fiction.
Le livre est né à Tahiti, où Gonzague Aizier a vécu de 2016 à 2018. « Comme beaucoup de personnes, je passais devant la maison de James Norman Hall à Arue sans prendre le temps de m’y arrêter. Il faut avouer que, pour moi, il avait surtout écrit des romans historiques, genre qui n’est pas mon préféré. » Toutefois, il a un jour suivie une visite guidée, en groupe, dans la maison/musée de James Norman Hall à Arue. Il y est retourné seul. « J’avais été intrigué », justifie-t-il. Cette seconde visite a été le point de départ. « Il y avait l’atmosphère du lieu, les aventures, le héros de la guerre, la Bounty bien sûr. Mais derrière cette belle trajectoire, autre chose affleurait : des doutes, un parcours chaotique qui faisaient écho en moi, me renvoyaient à mon propre rapport à l’écriture. C’est ce jour-là que j’ai décidé de remonter sa trace. »
Difficile, selon Gonzague Aizier de décrire James Norman Hall. « Il a des facettes contradictoires. » Il était à la fois un homme d’aventures et un homme casanier. Il doutait de ses capacités mais pouvait se montrer extrêmement déterminé et courageux. Il a d’ailleurs été de pilote de guerre. Il était discret, timide mais aussi un ami fidèle, notamment avec Charles Nordhoff. C’était enfin un homme empreint d’une certaine nostalgie qui émane d’ailleurs de plusieurs de ses textes et en même temps un écrivain à l’humour très fin, le roman Panne sèche en étant le meilleur exemple. « Pour résumer, je dirais que c’est un homme qui est allé au bout de ses rêves, malgré les difficultés, mais sans jamais se renier ou se perdre quand le succès est arrivé. »
La double vie d’Hubert Carré
Haut fonctionnaire pendant 40 ans, Hubert Carré a également été artiste. Il a créé, et continue de la faire, des collages pop, punk, ludiques et décalés.
Hubert Carré a longtemps été tout à la fois haut fonctionnaire et artiste. À première vue, il a mené une double vie. Pendant 40 ans, il a été fonctionnaire dans la fonction publique pour l’administration des affaires maritimes. En parallèle, il a réalisé des collages où se mêlent photographies, images, papiers, encre et peinture. Grand consommateur d’actualité, saturé « comme tout le monde » de visuels et d’informations, Hubert Carré emmagasine, passe au filtre et distille son quotidien. Ses réalisations, parfois mordantes, sont toujours riches de détails savamment positionnés. « Rien n’est gratuit. » Ses propositions artistiques, au-delà de l’esthétique, suscitent les questionnements. Ses œuvres sont sans jugement de valeur, elles restent ouvertes. « Mon travail de collage relève d’un inventaire critique et ironique de notre société contemporaine selon la figure de l’oxymore afin de remettre en cause toutes les relations, leurs repères, leurs représentations et leurs apparentes significations… », décrit Hubert Carré.
Tout a commencé par la photographie à son adolescence. Les règles de composition de cet art l’ont mené vers la peinture, plus particulièrement figurative. « J’ai mené les deux techniques de front. » Il a commencé par des aquarelles, façon Turner, puis s’est tourné sans attendre vers la peinture en se servant de cartons et de journaux pour former des trames à des sujets souvent industriels. « C’était la période où je photographiais des usines désaffectées, des ruines, des zones portuaires. » Progressivement, le papier et les images ont pris le dessus. Outre ses références à l’actualité, ses sources d’inspiration sont aussi nombreuses qu’éclectiques : BD, comics, films de science-fiction et bien sûr les artistes de la figuration narrative (Erro, Klasen, Télémaque, Fromanger…), le Pop art aussi et le mouvement punk dans la diversité de ses vecteurs, à la fois musicaux mais surtout graphiques. Pour la première fois il y a quelques mois, il a mis son art au service d’une commande. Il a illustré un livre de 66 textes de Patrice Guirao. « J’ai dû sortir de ma zone de confort », admet-il, ravi. Il est prêt à retenter l’aventure.
Pour définir la thématique du salon, il procède par association d’idées, par collage de mots : territoire, arpentage, déambulation, navigation, ports, escales, rencontres, échanges, identité, culture, force et traditions partagées. Il avait participé à l’exposition « Les peuples de l’eau » à Papeete en 2021, se questionnant à l’occasion sur la notion de territoire. Au fenua, cette notion est maritime. « Ce qui ne pouvait que me parler en raison de ma carrière professionnelle. » Ses deux vies, finalement, ont eu plus d’affinités qu’il n’y paraît.
Jeanne Seignol : « Donner envie de lire est une victoire »
Sur la toile, elle est Jeannot, dans la vie elle est Jeanne Seignol. Elle alimente une chaîne Youtube baptisée Jeannot se livre pour encourager la lecture. Ses publications, des documentaires, sont suivies par 70 000 personnes.
« J’ai envie que ma chaîne Youtube soit une porte ouverte vers le livre », explique Jeanne Seignol. Elle est connue sur la toile sous le pseudonyme Jeannot. Sur sa chaîne, intitulée Jeannot se livre, elle divulgue depuis 6 ans des conseils des lectures, décrypte les phénomènes de société et l’actualité, elle publie des documentaires qui se penchent par exemple sur les pratiques de lecture chez les jeunes ou bien sur l’impact des activités d’Amazon. Ces vidéos durent entre 7 et 20 minutes, en général. Dans son documentaire sur les jeunes et la lecture, elle s’est appuyée sur les derniers chiffres du Centre national du livre et de l’institut Ipsos (mars 2022). Ainsi, parmi les 7-25, ils seraient 93% à lire et 84% à adorer ou aimer cette activité.
Internet et les réseaux sociaux sont pour elle un outil précieux car « on ne lit plus aujourd’hui comme hier ». Elle compte à ce jour 70 000 abonnés avec qui elle interagit. Certains témoignent. « Ils me disent par exemple qu’ils ont retrouvé l’envie de lire. Chose qu’ils ne faisaient plus depuis le collège, cette période de lecture obligatoire. C’est une victoire, et je ne demande pas plus ! » D’autres, sont à la recherche d’idées, ils sont par exemple en quête d’un ouvrage qui les motive. « Je parle de ce que j’ai moi-même découvert, de ce qui pourrait leur plaire. Les gens s’y retrouvent et j’en suis ravie. »
Sa stratégie ? Dédramatiser l’objet livre et trouver des points d’entrée originaux sur ce vaste sujet qu’est la lecture. Dernièrement par exemple, elle a décrit les ouvrages cités par des rappeurs dans leurs chansons.
Elle dit avoir eu la chance d’avoir hérité de sa mère le goût de la lecture « mais je constate que la littérature et le livre sont toujours un peu élitistes, qu’ils font encore peur ». Elle utilise sa « pâte journalistique » pour accrocher les internautes.
Le thème du salon est « intéressant, il me parle ». Elle est bien placée pour l’évoquer. Lorsqu’elle a ouvert sa chaîne Youtube, elle a réalisé et publié une série de documentaires sur les libraires en Seine-Saint-Denis. Ce département, où elle a grandi, est déserté par les professionnels du livre. Il affiche le record du plus petit nombre de librairies indépendantes. « Mais ce chiffre n’est pas du tout à l’image de ce qui s’y passe. C’est important de rester ancré dans ce qui se passe tout autour de nous. »
Jérôme Camil, un auteur jeunesse « loufoque » et « drôle »
La littérature jeunesse est entrée dans sa vie il y a une dizaine d’années. Depuis, il écrit et dessine avec toujours plus de plaisir pour le jeune public. Son dernier né est Le sauté de lapin, paru chez Alice jeunesse. Il s’adresse aux lecteurs dès 6 ans.
Il est né et a grandi en Côte d’Ivoire. Jérôme Camil est arrivé en France en 1991, a fait des études de gestion, mais s’est très vite orienté vers le monde associatif. Il a d’abord évolué dans un monde culturel, puis, petit à petit, a monté sa structure. Il a bifurqué vers le social et le médico-social « Les questions sociales et géopolitiques m’intéressent depuis toujours. »
Il travaille actuellement dans un centre de santé communautaire, dans le quartier nord de Marseille. Il fait de nombreuses interventions, est passé par planning familial, a fait ses armes au théâtre-forum sur des questions de violence et d’assignation de genre. Le théâtre-forum est une méthode de théâtre interactif mise au point dans les années 1960 par l’homme de théâtre brésilien Augusto Boal, dans les favelas de São Paulo. C’est une des formes du « théâtre de l’opprimé ».
Le théâtre de l’opprimé a été conceptualisé par Boal comme étant un théâtre qui « est fait par le peuple et pour le peuple ». L’objectif ? Dénoncer et mettre en scène des situations d’injustice, pour aider les communautés qui en sont victimes à reprendre leur destinée en main. « Les questions sociales et sociétales sont au centre de mes intérêts », dit Jérôme Camil.
Il y a une dizaine d’années, un soir, il a commencé à écrire. Puis, il s’est mis à illustrer ses textes. « La littérature jeunesse est ainsi entrée dans ma vie. » Ses premiers albums ont été publiés en 2015. Pourquoi la littérature jeunesse ? « Parce que je kiff », répond-il en plaisantant. « Je prends énormément de plaisir à écrire et dessiner, effacer, recommencer. Je ne sais pas comment les gens font pour écrire des romans vu le temps que je passe sur trois phrases ! » Ses histoires, très visuelles sont également bien rythmées. « Une partie de l’univers de mon enfance a ressurgit, j’ai toujours été blagueur et taquin. Cela me permet de m’exprimer. »
Jérôme Camil trouve un sens dans l’équilibre de sa vie. Elle est d’un côté très solitaire, d’un autre à l’inverse, collective. « J’ai tout de même envie de passer plus de temps à faire des albums », avoue-t-il.
Il décrit ses ouvrages comme « loufoques », « drôles, enfin j’espère » avec « un zeste d’absurdité ». Il ajoute qu’il y a toujours une petite morale, « sans pour autant tomber dans le piège moralisateur ». Il a reçu plusieurs prix et distinctions pour deux de ses albums jeunesses. Paf ! et Une fin de loup. Il adapte certains de ses albums en vidéo, animées et doublées par ses soins. Sur sa chaîne YouTube PAF, figurent Une fin de loup, Paf ! et Ver Saï. Il a hâte d’aller à la rencontre des scolaires polynésiens, curieux de découvrir « d’autres réalités, d’autres luttes, d’autres cultures ».
Joseph Tepuniravaka Tchong, nouveau traducteur du Petit Prince
Il est locuteur de reo paumotu et traducteur du Petit Prince dans cette langue qui est la sienne. Joseph Tepuniravaka Tchong a apprécié l’exercice de traduction, il se réjouit de pouvoir offrir un nouveau texte aux lecteurs de langue vernaculaire.
Le Petit Prince vient d’une planète à peine plus grande que lui sur laquelle il y a des baobabs et une fleur très précieuse, une rose, qui fait sa coquette et dont il se sent responsable. Le Petit Prince aime le coucher de soleil. Un jour, il l’a vu quarante-quatre fois ! Il a aussi visité d’autres planètes et rencontré des gens très importants mais qui ne savaient pas répondre à ses questions. Sur la Terre, il a apprivoisé le renard, qui est devenu son ami. Et surtout, il a rencontré l’aviateur, échoué en plein désert du Sahara. Alors, il lui a demandé : « S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! »
Cette histoire écrite par le pilote et romancier Antoine de Saint-Exupéry est une œuvre poétique et philosophique qui a l’apparence d’un conte pour enfant. Il a déjà séduit des millions de petits et grands lecteurs.
Depuis sa parution en 1943 aux États-Unis (il est sorti dans l’Hexagone en 1946), 15 millions d’exemplaires ont été vendus rien qu’en France. Pas moins de 553 traductions officielles ont été enregistrées. Le succès est international.
En 2006, les éditions Haere Pō ont fait appel à John Martin pour le traduire en reo tahiti. Ainsi paraissait cette année-là Te tamaiti ari’i iti. En août 2010, ils ont sollicité Tehaumate Tetahiotupa pour une version marquisienne de l’œuvre intitulée Te tama hakāiki iti. Cette année, c’est Joseph Tepuniravaka Tchong qui a rendu possible la sortie en reo paumotu de Te Arikiriki.
Joseph Tepuniravaka Tchong locuteur et traducteur ne se rappelle pas avoir eu à surmonter de difficultés particulières. Il apprécie le texte, « un rêve », « une leçon de vie » qu’il faut « lire en profondeur ».
Il a préféré partir du texte en langue française pour ne pas être influencé par la traduction tahitienne. Pour les termes qui n’existaient pas dans sa langue comme le baobab, la jungle, l’aiguilleur ou encore la girouette, il s’est tourné vers le fare vāna’a (académie tahitienne). Il a ajouté un lexique en fin d’ouvrage pour expliciter sa démarche et ses choix.
Il se réjouit de pouvoir apporter un texte de plus à la communauté paumotu, d’enrichir le corpus. « Il y en a peu dans cette langue. » Il espère également que cette initiative, comme celles qui ont précédé, inciteront les élèves de l’Université de la Polynésie française ou d’autres centres d’enseignement, à relever ce genre de challenge.
Larry Thomas , pour un théâtre océanien décomplexé
« Nous sommes habitués à être en représentation. Depuis toujours et dans tous les domaines de la vie. » Depuis nos sociétés traditionnelles et tous ses rites sociaux, cultuels et culturels, jusqu’à nos jours avec des arts du spectacle vivant transcendés dans les pays du Pacifique et fantasmés dans le reste du monde.
C’est ainsi que Larry Thomas définit le théâtre océanien, lui-même auteur de pièces de théâtre, enseignant à la University of South Pacific à Fidji. En 2011, il publie Anthologie de théâtre océanien aux côtés de six autres dramaturges du Pacifique (éd. Au vent des îles).
On pourrait penser que le théâtre serait un genre littéraire répandu dans le Pacifique insulaire. Or, sans la Nouvelle-Zélande et l’Australie, il n’y a qu’une poignée de dramaturges autochtones du Pacifique insulaire. Il suppose que la première raison tient au fait que le théâtre océanien n’est pas comparable au théâtre occidental et n’obéit pas aux mêmes codes.
Un constat que beaucoup d’autres ont fait avant lui en Océanie ou ailleurs, avec la même conclusion : la définition d’un.e auteur.rice et de son travail d’écriture est culturelle. Elle ne dépend pas de canons académiques venus d’ailleurs.
Il écrit sa première pièce à la sortie du lycée. Et puis il l’oublie jusqu’au jour où il accepte que son écriture soit différente de l’écriture occidentale. « And it’s okay to be different ! »
Le complexe résolu, rien n’arrête sa plume de couvrir les pages et de remplir la scène.
Leila Lissant Ercoli, la poésie comme un souffle de vie
Elle publie chez Littéramā’ohi un recueil de 81 poèmes intitulé Mes heures bleues en référence à ce moment de la journée où la nuit cède sa place au jour. Alors, s’ouvre le champ des possibles.
Elle écrit, tout le temps, partout. Elle griffonne des pensées, des vers, des citations. La poésie pour Leila Lissant Ercoli est un compagnon de vie. C’est une habitude de toujours qui l’accompagne en tout temps. « J’écris comme je mange, comme je respire ». Aussi n’avait-elle jamais pensé à en publier. « Je me sens et me sais écrivain depuis longtemps, mais je me suis toujours dit que mon premier livre serait un roman, voire un recueil de nouvelles. J’ai une imagination débordante. » Finalement, elle signe un recueil de 81 poèmes intitulé Mes Heures bleues. Il est publié par Littéramā’ohi.
Leila Lissant Ercoli est professeure de français au lycée Samuel Raapoto, elle est une grande lectrice, passionnée de littérature. Depuis plusieurs années, elle rédige des textes pour Littéramā’ohi ou encore Pina’ina’i. « Ce sont des parutions collectives au sein desquelles je me suis sentie protégée et accompagnée, c’est comme faire partie d’une famille. » Elle vient de franchir une étape avec Mes Heures bleues.
Cet ouvrage aborde différents sujets, le fenua, la nature, l’amour, la famille, la mort. « Autant de thèmes universels. » Le titre fait référence à ce moment de la journée « magique » et « suspendu », entre la nuit et le jour. « Une heure charnière symbolique » où s’ouvre le champ des possibles. « À cet instant tout peut encore se réaliser » dit celle qui aime à regarder poindre le jour en solitaire. « J’écris, j’entends mon souffle, je suis en tête-à-tête avec la nature. »
Mes Heures bleues est également à mettre en lien avec une période de vie. « Je vais avoir 50 ans, j’ai deux grands enfants qui vivent loin. » Pour autant, les poèmes n’ont pas tous été rédigés récemment. Certains remontent à 30, 20 ou 10 ans.
L’ouvrage est préfacé par Chantal Spitz. « Une personne de confiance qui est comme une marraine pour moi, je la connais depuis près de 30 ans. » Il est rédigé essentiellement en français. Quelques poèmes sont toutefois écrits en reo tahiti, « dans la langue de mon grand-père ». Leila Lissant Ercoli a été élevée par ses grands-parents. « Tout cela n’a rien d’extraordinaire, mais j’espère que les lecteurs ressentiront ce que procurent tous ces sujets qui nous traversent au quotidien. »
Marin Ledun : le thème du salon est « magnifique » et « essentiel »
Auteur, entre autres, de romans pour le jeune public, animateur d’ateliers d’écriture, Marin Ledun est l’un des trois invités jeunesse du salon. Le thème du salon l’inspire.
Le thème du salon, « magnifique » et « essentiel » évoque pour Marin Ledun une ambiguïté en même temps qu’un lien très fort. Le territoire est « ce qui lie un peuple, un groupe de personnes qui fait société, sur un même lieu, avec une culture commune, un écosystème propre autour duquel se bâtissent des civilisations ». Le territoire est « une richesse, une source d’imaginaire et de création, une force, ancrée dans une histoire, faite d’épreuves, de beauté, d’art, de batailles, parfois séculaires, d’échanges ». Mais parallèlement, « dans l’époque de troubles que nous connaissons, à l’ère de l’économie mondialisée, faite de processus violents de colonisation, d’exploitation des peuples colonisés, d’exploitation des ressources de la terre, de déplacements massifs de populations, le territoire est aussi devenu un enjeu géopolitique, quelque chose derrière lequel se protéger des agressions extérieures, l’objet de frontières, de murs, parfois de replis identitaires, de racisme, de peurs. » Il a l’espoir que la littérature permette « de lever toutes les ambiguïtés liées aux territoires ».
Marin Ledun est l’auteur de romans noirs. Le dernier, Free Queens, vient de paraître chez Gallimard. Basé sur des faits réels, il est une enquête sur un réseau de prostitution lié à une grande marque de bière au Nigéria. « Depuis deux mois, j’ai la chance de le porter sous forme de lecture musicale avec la harpiste Frédérique Goichon. » Un projet d’adaptation cinématographique est en route avec des acteurs nigérians.
Marin Ledun est également auteur de romans jeunesse. Il a l’habitude d’animer des ateliers d’écriture dans des lycées mais il arrive au fenua en toute humilité. Il présentera son livre Le projet Hakanā qui paraît chez Au vent des îles et dont l’intrigue se situe aux Marquises. Ne connaissant pas le jeune public polynésien, il entrevoit les rencontres scolaires comme « un apprentissage ».
Marin Ledun pense ses romans « comme autant de questions à se poser, que l’on ait dix, quinze ou cinquante ans, sur la place de notre jeunesse dans le monde, sur le rôle de la nature, sur l’amitié, l’amour, l’écologie, l’identité, la tolérance ». Il attend du jeune public, qu’il s’exprime sur ces thèmes et « sur la façon dont je les traite, y compris, je le souhaite de façon critique ». Il ajoute : « ils ont beaucoup de choses à m’apprendre sur eux, sur leur conception du rapport à la nature, sur leur territoire, et sur les passerelles qu’ils établissent entre nos deux générations. Je suis impatient de répondre à leurs questions et d’écouter ce qu’ils ont à dire. »
Mickey Moto dévoile la suite des aventures de son jeune héros Samo
Autrice et illustratrice de la bande dessinée intitulée Samo, l’enfant des vagues et publiée par Les Mers Australes, Mickey Moto présente cette année le deuxième opus de sa série.
Samo, l’enfant des vagues est une bande dessinée éditée par les Mers Australes. Elle comptera quatre tomes au total. Elle est entièrement réalisée par Mickey Moto qui se charge du scénario, des textes, des dessins et des couleurs. Le premier tome intitulé Fafaru gang est paru en novembre 2019. Djumbé vient de sortir. Il porte le nom d’un coq dans la série.
Mickey Moto est graphiste de formation. Elle a réalisé des scripts et story-boards pour des agences de publicité du territoire, a illustré des fascicules d’apprentissage du tahitien pour les écoles primaires ainsi qu’un abécédaire de Tahiti et ses îles ; elle a travaillé pour la presse. Elle compte parmi les fondateurs du magazine pour enfant Firifiri dont le premier numéro est paru en 2020. Elle s’est lancée dans l’aventure livresque avec Samo. Cela semble particulièrement plaisant pour l’autrice et illustratrice. Elle affirme prendre du plaisir à écrire, dessiner, mettre en scène. Elle a déjà d’autres idées de séries en tête.
Djumbé était attendu par les jeunes lecteurs du fenua. Mickey Moto se rappelle avoir animé des stages dans des écoles primaire en 2021, à Pueu notamment. « Les enfants avaient lu le livre, ils étaient fans. C’est là que j’ai pu vraiment constater que l’histoire plaisait. »
Le premier tome avait laissé les parents des personnages (dont Samo) à la recherche de leurs enfants. Le deuxième démarre sur la punition donnée à la bande, de nouveaux personnages apparaissent. « On découvre comment s’est passée la battle évoquée dans le premier tome, on fait connaissance avec la famille de Samo », indique Mickey Moto. L’histoire du 2e tome est celle du jeune héros qui, séparé de Coyote, embarque sur l’île sœur où son père et sa nouvelle tribu l’attendent. Entre prouesses et punitions, mensonges et révélations, l’intrépide gamin continue de n’en faire qu’à sa tête. Mais les ennuis guettent. La chance va-t-elle l’aider ?
La réalisation du 3e opus est déjà bien engagée. Mickey Moto s’est fixé un planning serré pour ne pas laisser passer trop de temps entre la sortie du numéro 2 et celle du numéro 3. Elle enchaînera sans attendre avec le 4e et dernier tome. « J’ai hâte d’y arriver. Samo partira en Nouvelle-Calédonie, il y vivra une vraie histoire d’amour. »
Tai-Marc Le Thanh : « J’espère que ça sera un moment unique »
Il est l’un des trois invités jeunesse. Taï-Marc Le Thanh partira à la rencontre des jeunes lecteurs, espérant les embarquer dans ses histoires. Son objectif ? Attiser leur curiosité, leur proposer un monde qu’ils pourraient visiter.
« J’adore les enfants en tant que lecteurs. Ils sont neufs et ne sont pas pollués par l’expérience. Ils sont capables de recevoir un récit à bras le corps et je trouve cela réellement passionnant de m’adresser à eux à travers mes histoires », raconte Taï-Marc Le Thanh.
Il est un écrivain français de littérature jeunesse. Ses récits évoquent souvent l’émancipation, un thème qu’il trouve propre à l’enfance et à l’adolescence. « Je ne cherche surtout pas à leur donner des leçons, on leur en donne suffisamment quotidiennement. Simplement j’essaye de leur ouvrir des portes où ils pourraient entrer. J’essaye d’attiser leur curiosité, de leur proposer un monde qu’ils pourraient visiter. »
L’écrivain a d’autres thèmes récurrents comme la place d’un individu au sein d’un groupe, ou la famille par exemple. « J’ai souvent accordé une importance moindre au lieu où se déroule l’action. Je suis en train de changer. » Ses derniers romans se situent sur le continent américain, à l’époque où celui-ci était un territoire en devenir « tout du moins pour les Européens ». Le thème du salon le passionne dans ce qu’il implique : les coutumes, la culture, la façon de communiquer, les différentes interactions entre les différents territoires.
Des rencontres qui seront organisées au fenua avec le jeune public, Taï-Marc Le Thanh attend du soleil. « Au sens propre comme eu sens figuré ! », précise-t-il. Ce qu’il apprécie, lorsqu’il va au-devant de son jeune public, c’est « ce moment particulier où ils se laissent embarquer dans mes histoires. Ça n’arrive pas systématiquement, mais je mets tout en œuvre pour que cette magie opère. » Il a bien l’intention, en Polynésie, de faire le maximum. « Et puis, j’ai plein de questions moi aussi à leur poser sur la vie dans un archipel. J’espère que ça sera un moment unique, pour eux comme pour moi. »
En attendant, il poursuit son œuvre. Au printemps 2024, paraîtra à l’École des loisirs un roman qui s’intitulera « Seul restera le vent et la poussière ». Un autre roman est prévu fin 2024 voire début 2025 chez Acte Sud : Une petite note sucrée. « J’ai, en parallèle, plusieurs albums en chantier, mais rien de terminé pour l’instant », annonce-t-il. Son projet de film d’animation, en revanche, est en stand-by. « Pour être honnête, ce que j’apprécie le plus, c’est de travailler chez moi tranquillement, à l’abri des strass et des égos. Ce qui est souvent le cas en littérature jeunesse, mais qui peut l’être moins dans le domaine du cinéma. Affaire à suivre donc… »
Yan Lespoux : « Le territoire ouvre une infinité de perspectives »
Enseignant, journaliste, critique de romans noirs, Yan Lespoux est également auteur d’un recueil de nouvelles, Presqu’îles et, depuis peu, d’un roman Pour mourir, le monde. Tous deux sont édités par Agullo.
Né en 1977, Yan Lespoux a grandi dans le Médoc. Il enseigne l’occitan ou langue d’oc, une langue romane parlée dans le tiers sud de la France, à l’université Paul Valéry à Montpellier. Il anime régulièrement des débats d’auteurs dans des festivals et organise des rencontres avec Olivier Pène et Hervé Le Corre à la librairie La Machine à lire à Bordeaux.
Il collabore avec diverses revues (Marianne, Alibi, Sang Froid, 813) pour lesquelles il chronique des romans noirs. Il tient un blog, Encore du noir, devenu une référence dans l’univers du polar. Pour décrire ce blog, Yan Lespoux cite Serge A. Storms. C’est le protagoniste principal de la plupart des romans de Tim Dorsey, un journaliste et romancier américain connu pour ses romans policiers. « Tout avec modération… y compris la modération elle-même ! »
Il est l’auteur de Presqu’îles, un livre édité chez Agullo et paru en janvier 2021. En août 2023, il est sorti en poche. L’ouvrage narre des tranches de vies de personnages attachés à un lieu, le Médoc landais. « C’est un territoire d’eau, marais, étangs, océan, de sable et de forêts. Ce sont des histoires tour à tour drôles ou tragiques sur le quotidien de cette petite société », décrit Yan Lespoux.
Il revient sur son aventure livresque : « C’est une question de circonstances… et avant tout, une histoire d’amitiés. » Yan Lespoux a d’abord écrit un petit texte sur le Médoc. Son ami Hervé Le Corre, auteur de romans noirs, l’a lu. « Il m’a ensuite incité à en écrire d’autres pour raconter ce territoire auquel je suis attaché. » Un autre ami, Sébastien Wespiser, cofondateur des éditions Agullo, les a lus également, il a souhaité les éditer. A suivi, la parution de Pour mourir, le monde, toujours chez Agullo. Il s’agit d’un roman d’aventures où se croisent marins, pilleurs d’épaves, militaire… « Quand les empires sombrent, quand les sociétés se délitent, des brèches se créent qui permettent de s’immiscer dans les interstices de l’Histoire. » Les personnages, au fil des pages, sont ballotés dans des décors grandioses.
Le territoire est un thème qui résonne pour Yan Lespoux. « Ce sont ces lieux auxquels on est attaché, de gré ou de force. Cela ouvre littérairement une infinité de perspectives : rester, partir, revenir… c’est notre histoire à tous, c’est ce qui façonne nos vies. »