Le dire & l’écrire – Projet d’écriture populaire

Projets

« Le dire & l’écrire », un deuxième livre florilège.  Sylvie Couraud et l’association des éditeurs de Tahiti et des îles ont lancé un projet d’écriture commune en 2005. Ce projet a consisté en la rédaction d’un livre florilège à partir de carnets d’écriture individuels. Un deuxième livre florilège a été rédigé en 2017 à […]

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« Le dire & l’écrire », un deuxième livre florilège. 

Sylvie Couraud et l’association des éditeurs de Tahiti et des îles ont lancé un projet d’écriture commune en 2005. Ce projet a consisté en la rédaction d’un livre florilège à partir de carnets d’écriture individuels. Un deuxième livre florilège a été rédigé en 2017 à partir de carnets remplis en 2016, distribué gratuitement lors du salon du livre de Papeete et lors des déplacements de cette manifestation dans les îles de Polynésie. 

« Le principe du carnet d’écriture est une invitation à l’écriture adressée au plus grand nombre », explique Sylvie Couraud, à l’initiative du projet de livre florilège avec l’association des éditeurs de Tahiti et des îles (AETI).

Un projet d’écriture commune

Le principe du livre florilège est de compiler les textes couchés dans les carnets d’écriture par des individus anonymes. C’est un livre qui rassemble des mots et des idées d’un très grand nombre de personnes réparties sur les cinq archipels de Polynésie. « Ce que j’écris ou dessine, figure dans un livre qui circule et qui a sa place dans une bibliothèque », résume l’AETI.

La première opération du genre a eu lieu en 2005. La deuxième a été lancée en 2016 pour une diffusion en 2017. « C’est ainsi que l’AETI et moi-même avons proposé pour la deuxième fois un atelier d’écriture à l’échelle de la Polynésie, destiné à toute la population de Tahiti et des archipels. » Les écrivants étaient invités à s’exprimer en français ou en reo et à dessiner sur leur carnet comme ils le souhaitaient.

Le dire & l’écrire est un projet intemporel. Le relancer en 2007 aurait certainement eu un goût de déjà vu mais, dix ans plus tard… Il s’est offert au public d’écrivants avec la même fraîcheur que sa première version. « Le principe du carnet personnel et anonyme, sur lequel on peut écrire en toute liberté et en toute intimité, pour le plaisir, sans jugement ni censure sur la qualité de l’orthographe ou le contenu des idées, est en soi porteur d’une incitation à l’écriture. »

Le fait de retrouver un ou plusieurs de ses écrits ou dessins, imprimés dans un vrai livre, de se lire et relire, de découvrir l’écriture des autres en écho à la sienne, constitue pour les écrivants l’expérience d’une satisfaction particulière. « J’existe, je m’exprime, je choisis mes mots, je touche des lecteurs inconnus qui peut-être se retrouvent en moi, dont j’éveille l’intérêt, dont je suscite l’émotion… »

Carnet2016Couve1Les carnets et les écrivants 2017 en chiffres. 

  • Sur 10 000 carnets distribués, 340 ont été restitués.
  • 326 écrivants se sont exprimés en français.
  • 14 écrivants se sont exprimés en reo.
  • 53 % des écrivants vivent à Tahiti, les autres se répartissent à Moorea, aux Raromatai, aux Australes, aux Tuamotu, aux Marquises.
  • 50 carnets ont été restitués sans indication géographique.
  • Un carnet fait mention d’une île imaginaire.
  • 17,5 % des écrivants ont moins de 10 ans.
  • 66 % des écrivants ont entre 10 et 18 ans.
  • 10 % des écrivants ont entre 18 et 60 ans.
  • 5 % ont plus de 60 ans.

Quelques chiffres sur les carnets et les écrivants en 2005.

  • 10 000 carnets ont été distribués.
  • 500 ont été retournés.
  • Un livre de 174 pages a été rédigé.
  • Les écrivants étaient âgés de 3 à 83 ans.

P2-3De la conception…

« Il a d’abord fallu concevoir un joli support qui contienne des propositions d’écriture convenant à tous les âges, se rappelle Sylvie Couraud. Nous avions pour base le carnet d’écriture de 2005, qui a évolué en 2016 avec deux propositions différentes sur huit et aussi une autre couverture. » Il a fallu ensuite décider d’un tirage, d’un mode de distribution et d’un dispositif de restitution des carnets. Dix mille carnets ont été largement distribués lors du salon du livre de novembre 2016 et dans les agences OPT de Tahiti et des îles.

Ils ont été restitués par les écrivants via différents relais jusqu’au mois de février 2017.

LDEL C'est ma vie… à la sélection…

Une fois les carnets restitués et récupérés, est venu le travail de lecture et de sélection des textes. Carole Le Guellec et Simone Grand sont venues prêter main forte à Sylvie Couraud. « La sélection des textes et des dessins est, je l’espère, révélatrice de la richesse des carnets. » Ils n’étaient pas réservés à la jeunesse. Toutefois ce sont les plus jeunes qui s’en sont majoritairement saisis. En effet, 66 % des écrivants ont entre 10 et 18 ans.

LDEL Ce qui me met en colère

« L’écriture libre était sollicitée et les écrivants ont bien intégré le principe », constate Sylvie Couraud. Il n’y avait pas d’obligation d’écriture, ils ont donc choisi certaines propositions, en ont négligé d’autres. « Il y a eu beaucoup de spontanéité dans l’écriture, poursuit-elle. Ce qui a soulevé quelques réflexions concernant la protection de l’anonymat de certains écrivants, dont les textes traitent de dures réalités quotidiennes.

Dans l’ensemble, l’expression des écrivants n’a pas été freinée par une orthographe parfois aléatoire, corrigée lors de la saisie des textes. Enfin le succès de la proposition appelant à composer un poème révèle une sensibilité poétique émouvante et réjouissante, notamment chez les plus jeunes. » Certains écrivants se sont investis au point que ce fut difficile pour eux de se séparer de leur carnet, tant ils y avaient mis d’eux-mêmes. Chacun dans le registre de son choix, humour, tendresse, nostalgie, polémique ou révolte…

Sylvie Couraud, première lectrice de la matière brute des carnets, insiste sur « le plaisir lié à la découverte des textes » et sur « l’émotion toute particulière que certains suscitent. J’espère les partager avec beaucoup d’autres lecteurs. »

… jusqu’à la mise en scène

À partir de la sélection de textes et des dessins, Sylvie Couraud a dû agencer une dynamique de lecture en déterminant des enchaînements de textes qui entrent en résonance les uns avec les autres. L’ensemble a été communiqué à l’équipe chargée de la mise en page du livre. Les textes sont émaillés de dessins fournis. Arrive maintenant le moment particulièrement attendu, le tirage (à 3 000 exemplaires) et la distribution du livre d’expression populaire que nous intitulons pour la deuxième fois Le dire & l’écrire, livre d’expression populaire.

Le dire & l’écrire, en 2016/2017, est la réédition d’un atelier d’écriture populaire à l’échelle de la Polynésie, mis en place pour la première fois par l’Association des éditeurs de Tahiti & des îles en 2005/2006.

Entretien avec Sylvie Couraud, animatrice de projet d’écriture populaire. 

L’objectif est de solliciter l’écriture de tous, librement illustrée, par le biais d’un carnet d’écriture distribué au Salon du Livre, sur la base de propositions simples et accessibles au plus grand nombre. L’écriture est anonyme, seuls le prénom et l’âge de l’écrivant figurent.

Les carnets d’écriture sont disponibles à Papeete sur le stand Le dire & l’écrire, ainsi que dans les bureaux de l’OPT pour ce qui est des autres communes et des îles. À l’issue du Salon du livre, les carnets restant disponibles à la Maison de la Culture, seront distribués dans les établissements scolaires de Tahiti grâce à la DGEE et acheminés dans toutes les agences OPT de Tahiti et des îles.

Les écrivants peuvent laisser libre cours à leur plume tout de suite, dans l’espace du Salon s’ils le souhaitent, ou plus tard chez eux, à l’école ou ailleurs… La récupération des carnets est organisée immédiatement et jusqu’au 31 décembre 2016, afin de pouvoir rassembler les écrits et d’en faire un livre qui sera édité l’année suivante.

capture-decran-2016-02-23-a-15-06-43Pourquoi relancer le projet 10 ans après ?

Le dire & l’écrire est un projet qui me semble intemporel. Le relancer dès l’année suivante aurait certainement eu un goût de déjà vu…..mais dix ans, onze ans après exactement, il va s’offrir au public d’écrivants avec la même fraîcheur que sa première version.

Le principe du carnet personnel et anonyme, sur lequel on peut écrire en toute liberté et en toute intimité, pour le plaisir, sans jugement ni censure sur la qualité de l’orthographe ou le contenu des idées, est en soi porteur d’une incitation à l’écriture, qui a toute sa place dans un salon du livre. Ce d’autant plus que les écrits sont ensuite publiés sous forme de livre, l’année suivante.

Le fait de retrouver un ou plusieurs de ses écrits ou dessins, imprimés dans un vrai livre, de se lire et relire, de découvrir l’écriture des autres en écho à la sienne, constitue pour les écrivants l’expérience d’une satisfaction particulière.Quel est l’objectif de ce projet ? A qui s’adresse-t-il ?

Ce que j’écris, ou dessine, figure dans un livre qui circule et qui a sa place dans une bibliothèque.

J’existe, je m’exprime, je choisis mes mots, je touche des lecteurs inconnus qui peut être se retrouvent en moi, dont j’éveille l’intérêt, dont je suscite l’émotion…

Certains écrivants se sont investis au point que ce fut difficile pour eux de se séparer de leur carnet, tant ils y avaient mis d’eux mêmes. Chacun dans le registre de son choix, humour, tendresse, nostalgie, polémique ou révolte… Chacun dans son style, du langage parlé comme du langage plus littéraire. Poésie ou prose, texte ou dessin, langue française ou reo mä’ohi….

Quant aux lecteurs, ils ont manifesté leur plaisir, racontant pour certains comment cette lecture les avait fait passer du rire aux larmes, et regrettant d’arriver à la dernière page !

 

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Sur dix mille carnets distribués en 2005, cinq cent ont été retournés, offrant le matériau littéraire et iconographique suffisant pour l’édition d’un livre de 174 pages, intitulé Le dire & l’écrire, Livre d’expression populaire. Il rassemblait donc les textes et dessins de cinq cent personnes, entre trois et quatre vingt trois ans, de toutes ethnies, de tous milieux socioculturels, réunies par l’envie d’écrire sur des thèmes relatifs à leur vie et au pays polynésien.

Il fut en 2006 qualifié « d’événement littéraire du salon », suscitant un engouement tel qu’il est difficile aujourd’hui de s’en procurer un exemplaire.

Comment est sélectionné le contenu pour le florilège à paraître en 2017 ?

Je ne sous estime pas le bonheur d’avoir eu le privilège de la première lecture des écrits bruts, d’avoir vécu avec quelques collaborateurs le temps du premier repérage des écrits, du choix des textes et des dessins, de l’ordonnancement des morceaux choisis, de l’alternance avec les illustrations… de toute la petite cuisine nécessaire à la composition de ce livre mosaïque.

La démarche de sélection sera la même que lors de la première édition. Il s’agit de constituer un corpus qui soit révélateur de l’ensemble des écrits de chaque tranche d’âge, en sélectionnant les écrits de premier jet les plus authentiques tout autant que les textes les plus travaillés, en tenant compte des lieux d’écriture, à la recherche d’un équilibre entre les écrits de Tahiti et ceux des îles, en mariant textes et illustrations, de façon à soutenir l’intérêt du lecteur, en évitant ce qui serait de l’ordre d’une monotone compilation.

capture-decran-2016-02-23-a-15-42-52C’est une alchimie difficile à décrire, qui dépend de la sensibilité du sélectionneur et du graphiste, ou du comité de lecture lorsqu’il y en a un.

Lors du premier Le dire & l’écrire, j’avais fait en sorte que chaque écrivant, même le plus timide, ait au moins un de ses textes publiés, avec l’idée que l’effort d’écriture soit en quelque sorte récompensé par la publication. En 2006 nous avons distribué 5 000 exemplaires du florilège Le dire & l’écrire dans l’espace du Salon.