Découvrez les nouveautés et les rééditions 2017 des éditeurs de Tahiti et des Mers du Sud. De belles surprises littéraires vous attendent, adressées à tout type de public : livres jeunesse, romans, polars, contes, livres pratiques, loisirs…
Bienvenu dans l’univers littéraire des plumes contemporaines du Pacifique, qui vous invitent à réaliser un voyage littéraire hors du temps ! Rencontres avec trois auteurs, au cœur de l’actualité littéraire polynésienne.
(Cliquez sur la photo du livre pour lire le synopsis.)
Sunny Moana’Ura Walker, « l’ami sauvage »
Pour Ariirau Richard-Vivi, l’auteur, Sunny Moana‘ura Walker est « un homme de pays, au caractère franc et complexe qui incarne des valeurs comme l’intégrité, la passion, l’humilité et le courage ». C’est une figure paternelle qui fait partie des héros anonymes et modernes de la société polynésienne. Pour le connaître, elle l’a enregistré de façon régulière sur deux années. « Je l’ai laissé parler, il s’est raconté, tout simplement. » Pour le présenter, elle a construit un roman en trois parties. « La première partie sont les racines, c’est-à-dire l’enfance, la deuxième partie le tronc, c’est-à-dire la vie d’homme et la troisième partie ce sont les branches, c’est la vie spirituelle. » Le Païen est comme un arbre, l’arbre de Sunny Moana‘ura walker, le banian. « Tout ce que j’ai écrit dans ce roman sort de lui. Rien n’est inventé. J’ai misé sur l’authenticité du subjectif. Mon but est de rendre hommage au vivant, de savourer la joie d’avoir parmi nous, dans notre société polynésienne, dans mon pays, des hommes aussi particuliers que Sunny Moana‘ura Walker. Son bonheur semble être le théâtre de la nature, et c’est là où je le rejoins », explique Ariirau Richard-Vivi. La nature, l’environnement, les plantes, la faune et la flore, ce sont les seuls vestiges encore vivants de notre passé.
Sunny Walker est animiste. « Il a l’intime conviction qu’en chaque arbre, en chaque oiseau réside une âme ; il est quotidiennement à l’écoute des signes . » Et puis surtout, Sunny Moana’ura Walker est un autodidacte, il a formé ses connaissances de l’histoire des ancêtres sur ses recherches et de façon très instinctive. » Derrière une façade présentée comme « humble » et « sans oritures » par l’auteure Sunny Moana‘ura Walker a une grande connaissance des plantes et des histoires, il est curieux et chercheur. Par sa personnalité et son caractère, il a tout d’un « ami sauvage ». Il rejette le conventionnel mais il met un point d’honneur à tout ce qui est rituel.
Rencontre avec les personnages de légendes polynésiennes
Si le livre illustré Hani et les légendes oubliées cible en premier lieu les enfants, l’auteur Maruata N. Neri espère que « tous ceux qui le liront, petits comme grands, y prendront du plaisir ». Maruata N. Neri a grandi bercée par les contes et légendes de Polynésie. Son idée d’écrire un livre « où des jeunes enfants se verraient confrontés aux personnages de légende qui peuplent notre histoire » n’est pas nouvelle. Elle a germé puis éclot le jour où son père lui a dit « qu’une histoire se déroulant chez nous serait intéressante. » Elle s’est alors tournée vers son éditeur, Guy Wallart des Mers Australes, suggérant au passage
une collaboration avec François Pommiez. « J’avais vu son travail sur un autre livre des éditions des Mers Australes, Hiti, et je pensais qu’il saurait saisir l’esprit du livre. Il a lu le texte et a su rendre en illustrations l’idée que je me faisais de mon histoire. »
Les Champignons de Paris. Te mau tuputupua a Paris
Vous connaissez la pièce de théâtre ? Les éditions Haere Pō viennent publier à Tahiti le texte de cette pièce.
« Lorsque nous sommes allés voir Les Champignons de Paris, nous avons trouvé les propos et la n très justes », indiquent Denise & Robert Koenig des éditions Haere Pō. Ils y ont retrouvé des connaissances et des proches : « Nous revoyons Henri Hiro défiler, avec de rares autres, le mercredi matin devant l’Assemblée », prennent-ils pour exemple. Les Champignons et le débat qui suit permettent à la fois de prendre du recul et de ne pas oublier, de prendre de la hauteur, d’entamer une réflexion. D’où la nécessité de publier le texte d’Émilie Génaédig. D’où le jeu de mots d’Emma Faua-Tufariua en tahitien entre tuputupu et tuputupuā…
Haere Pō propose un texte en français, comme dans la pièce, mais aussi en tahitien, comme une évidence. « Nous proposons deux textes bien distincts, à lire d’une traite, chacun de son côté. » D’ailleurs, les deux versions sont affichées non pas en vis-à-vis, mais en tête-bêche et, pour reprendre le mot de la fin, en toute « fraternité » !
Un monde aujourd’hui disparu
Pour Henri Theureau, traducteur de l’ouvrage Un âge d’or des éditions ‘Ura, l’intérêt du texte est « la description de la société tahitienne de l’immédiat après-guerre de 14-18, à Papeete, mais surtout dans les districts. » Une vie encore rurale et communautaire. Outre l’intérêt de son côté documentaire, le livre recèle aussi beaucoup d’humour et de tendresse. « Des portraits de vieilles mama, des réunions de chant dans le fare putuputuraa, des expéditions aux fe’i dans la montagne, des parties de pêche en pirogue, etc. » L’ensemble est aujourd’hui à la fois drôle et très émouvant. « Il y a des caricatures féroces de popa’ā, de missionnaires, et de commerçants chinois, poursuit Henri Theureau, mais le tout est presque constamment teinté de mélancolie. » Pour Robert Dean Frisbie, l’auteur qui a séjourné ici de 1920 à 1923, et qui a vécu le reste de sa vie dans les îles Cook, à Samoa et à Fidji, « il s’agissait d’un monde en train de disparaître. » Il s’agit aujourd’hui d’un monde disparu.
« On arrive toujours trop tard à Tahiti », commente le traducteur. « Ici, plus encore qu’ailleurs, pour tout le monde “c’était mieux avant”. C’est cela que Robert Dean Frisbie a tenté de fixer. Il ne s’est en somme jamais remis de ses trois premières années dans le Pacifique, à Tahiti. »
Le texte, paru sous le titre My Tahiti en anglais, n’a pas présenté de difficultés de traduction particulières. « Les écrivains américains de la génération de James Norman Hall et de Robert Dean Frisbie écrivaient dans un anglais tout à fait classique : ils publiaient souvent certains chapitres de leurs livres d’abord dans des revues, et avaient le souci d’être compris par le plus grand nombre de lecteurs. »