Mireille Vignol – Les joutes de traduction

Lire en Polynésie 2017

Mireille Vignol débarque avec une « brillante idée ». Elle amène les joutes de traduction, un concept lancé par l’association des traducteurs littéraires de France qui vise à mettre en exergue les complexités de l’exercice. Pour les lecteurs francophones, amateurs de littérature étrangère, voilà l’occasion de prendre conscience du rôle charnière du traducteur. L’Association des […]

Photo Mimi ©Christelle Westphal. - copie

Mireille Vignol débarque avec une « brillante idée ». Elle amène les joutes de traduction, un concept lancé par l’association des traducteurs littéraires de France qui vise à mettre en exergue les complexités de l’exercice. Pour les lecteurs francophones, amateurs de littérature étrangère, voilà l’occasion de prendre conscience du rôle charnière du traducteur.

L’Association des traducteurs littéraires de France (ATLF) a eu la « brillante idée » de créer les joutes de traduction. Le principe est simple : deux traducteurs reçoivent le même texte (un extrait de roman, un poème) environ un mois avant l’événement. Ils travaillent chacun de leur côté puis rendent leur « copie » à un arbitrer. Celui-ci compare les deux versions. Il s’intéresse aux différences de style, de choix de mots, de temps, de registre de langue… « Il y en a toujours et pas des moindres », glisse au passage Mireille Vignol.

Le jour de la joute, l’arbitre projette les deux versions traduites et la version originale. Il demande aux traducteurs de justifier et de défendre leurs choix.
« Ce qui est intéressant, c’est que le public compare deux versions françaises du même texte, qu’il peut s’impliquer et parfois trouver des solutions meilleures que celles des traducteurs. En n de compte, ça permet de mettre en lumière les complexités de l’exercice et le fait qu’il n’y a jamais « une » traduction. Il y a plusieurs façons d’appréhender le texte et de lui donner une voix en français. » D’où l’importance, pour les lecteurs francophones amateurs de littérature étrangère de bien choisir le traducteur des œuvres choisies.

Mireille Vignol a découvert le jeu en 2014. Séduite, elle a eu envie d’y participer. Elle a déjà organisé deux joutes pour le Salon du livre océanien à Rochefort. Le succès était au rendez-vous. Nul ne doute qu’il sera aussi à Papeete pendant le salon du livre.

Celle qui se présente comme « une sauvage vivant au cœur de l’Auvergne, avec le cœur dans le Pacifique et des amis un peu partout » est traductrice littéraire depuis 2003. Depuis, elle est rentrée en France après des années passées en Australie. « J’ai toujours eu envie de traduire des romans, de me plonger dans des histoires, de côtoyer des personnages fictifs,
de résoudre les rébus que posent la traduction, de peaufiner, de m’enfuir dans le monde romanesque. » Elle poursuit : « On pourrait croire que c’est une activité solitaire, mais je ne m’ennuie jamais si le bouquin est bon. Et j’ai la chance de traduire surtout de bons livres, qui m’offrent des voyages virtuels dans les coins les plus reculés du monde et de la tête des gens ».

Pour la première fois à Tahiti, une joute de traduction !

Mais quèsaco, une « joute de traduction » ?!
Le concept est simple : deux traducteurs s’affrontent autour de la traduction d’un texte inédit proposé par des auteurs anglophones invités du salon «Lire en Polynésie». La joute consiste à confronter la version de chaque traducteur, grâce à un modérateur qui met en exergue les différences, variantes, contradictions entre les deux traductions. Les traducteurs découvrent le texte de l’autre pendant la séance, en même temps que le public, les textes originaux étant projetés sur écran ou distribués, à côté de la version originale.
Les traducteurs doivent alors « défendre » ou justifier leur version et leurs choix (vocabulaire, registre, temps, style etc.) sous la houlette du modérateur. Il ne s’agit pas de désigner un « vainqueur », ni la meilleure traduction, mais de montrer la multiplicité des solutions et la cohérence des choix effectués, tout en mettant en lumière la complexité de ce métier.
Après la confrontation phrase à phrase, le public peut poser des questions et proposer de nouvelles solutions. Il n’est pas nécessaire de comprendre l’anglais, car l’exercice porte plutôt sur la comparaison de deux textes en français. Plus d’information sur les joutes de traduction en général http://www.atlf.org/category/manifestations-conferences-rencontres/joutes/