Calédonien de vieille souche par sa famille maternelle, Yougoslave par la branche paternelle de sa généalogie, Nicolas Kurtovitch naît à Nouméa en 1955. Après une scolarité calédonienne, il voyage, s’imprègne de ce Pacifique dont il souhaite habiter pleinement la diversité. De son cursus universitaire à Aix-en-Provence, il revient en 1980, licencié en géographie, enseigne, puis dirige un lycée jusqu’en 2010, avant de rejoindre l’équipe de la Province Sud, sur le terrain de l’éducation et de la culture. Son premier recueil de poèmes, Sloboda, paraît en 1973. Il ne cesse ensuite de publier, de la poésie et des nouvelles, avant d’aborder l’écriture théâtrale, puis le roman dont il s’attache à explorer toutes les potentialités. Nicolas Kurtovitch est homme de lieux : des lieux qui bruissent de la parole des hommes, mais aussi, surtout peut-être, de leurs silences, partagés ou non. Il a reçu en 2003 le Prix poésie du Salon du livre insulaire d’Ouessant pour Le piéton du dharma, et le prix Antonio Viccaro 2008 pour l’ensemble de son œuvre poétique. Et tout récemment (2011) le prix Popaï, de la littérature Néo Calédonienne pour son roman : « Les heures italiques », ainsi que le prix Vi Nimö des lycéens pour son recueil de poésie : « Les arbres et les rochers se partagent la montagne. Ed, Vents d’ailleurs, 2010 ».
Calédonien mais aussi « Yougoslave », Nicolas Kurtovitch est un auteur qui s’exprime le plus souvent à travers les vers. La politique, la société, la beauté de la vie et la laideur des jours l’interpellent. Tout comme ses aventures intérieures. Les deux sont à l’origine du processus créatif qui donne naissance à des écrits plusieurs fois récompensés.
« Adolescent, la poésie est venue à lui. « Ça m’a tout de suite parlé, j’y ai trouvé un écho ». Son premier recueil de poèmes, Sloboda, paraît en 1973. Ses origines y affleurent. « La branche maternelle est calédonienne depuis des générations. Ma branche paternelle est de Yougoslavie. Mon père a quitté son pays au début de la seconde guerre mondiale. J’ai grandi et je vis toujours en Nouvelle-Calédonie, mais je garde des liens très étroits avec ma famille de Sarajevo. »
Depuis Sloboda, Nicolas Kurtovitch n’a jamais cessé de rédiger et de publier des vers, des nouvelles, des romans. « J’explore tout à la fois les sensations du réel, de l’extérieur, de la réalité partagée et mes douleurs et mes joies intimes. » Le tremblement de terre au Népal, la montagne du Kaala, le torrent et tout autant le portail de branchage au bas de l’allée, le corps d’Aylan sur une plage turque ou bien les SDF croisés sur une route en allant au travail sont autant d’images qui pénètrent le corps du poète. Elles s’y installent, y font leur nid, puis un jour « elles rejaillissent sous forme poétique. En général, les images ou les informations choc que je vois ne me font pas réagir à chaud, elles déclenchent un processus créatif qui peut prendre un certain temps. Quand j’écris je pioche dans mon ventre, mon cœur et mon esprit ».
« J’ai l’impression que les antagonismes s’exacerbent! »
À la question «si le quotidien vous affecte tant, qu’en pensez-vous? Que vous inspire la société d’aujourd’hui?». Et le poète de répondre : «elle est ambivalente, porteuse à la fois de beau, d’amour, de laid et d’atrocité. Peut-être qu’elle a toujours été comme ça, mais j’ai quand même l’impression que les antagonismes s’exacerbent. Les guerres par exemple libèrent le meilleur comme le bon, les actes de générosité et d’héroïsme comme les énergies et les actes les plus féroces. Je vois comme des vagues, souples, qui viendraient heurter une falaise dure. C’est cette déflagration que je ressens. »
Aujourd’hui Nicolas Kurdovitch suit trois chemins à la fois. « Une partie de mon cerveau est pris par les vers, je réfléchis aussi à mon prochain roman, il prend vie. Je sais que lorsque les mots de la première phrase seront assemblés sur une première page je ne pourrai plus m’arrêter. Je pense aussi à réaliser un recueil de pièces courtes de théâtre. Certaines sont déjà écrites, d’autres viendront. » Autant de textes qui emporteront peut-être à leur tour des prix, comme le Piéton du Dharma, récompensé en 2003 au salon du livre d’Ouessant ou Les Heures italiques distingué par le prix Popaï de la littérature néocalédonienne en 2011.